CNT 71-58

Confédération Nationale du Travail de Saône-et-Loire et de la Nièvre

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Petit guide d’auto-défense contre la hiérarchie

dimanche 11 octobre 2020, par Webmestre

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Si vous ne voulez pas qu’un homme abuse de son autorité, ne lui donnez pas d’autorité

- Georges Darien/]

La meilleure défense contre la hiérarchie sera toujours l’action collective. Il existe néanmoins des situations où l’on se retrouve seul·es face à l’autorité. Avec l’individualisation des relations, chacun·e tend à se sentir isolé·e et démuni·e devant les petit·es chef·fes et, parfois, cela donne lieu à des conséquences dramatiques.
Pour éviter le pire, quelques conseils de bons sens à diffuser largement sur nos lieux de travail.

Ne pas rester isolé·e

Il ne faut jamais garder pour soi, comme une maladie honteuse, les vexations et humiliations infligées par les petit·es chef·fes. Il faut en parler autour de soi et rendre public ce que la hiérarchie voudrait cantonner à la relation individuelle. Il n’y a aucune honte à parler. On découvre souvent que d’autres subissent la même situation sans oser le dire. Il n’est pas rare que la hiérarchie pousse le vice jusqu’à faire culpabiliser les personnes maltraitées, comme si elles n’avaient que ce qu’elles méritaient. Si honte il y a, elle doit retomber sur les chef·fes.

Refuser de rencontrer un·e supérieur·e hiérarchique en tête à tête

Il faut toujours se faire accompagner par un·e collègue qui pourra témoigner de ce qui a été dit et pourra en faire un compte-rendu écrit. De plus, la présence d’une tierce personne permet le plus souvent d’éviter les tentatives de déstabilisation et met un frein aux ardeurs autoritaires de la hiérarchie. Il est possible, bien entendu, de se faire accompagner par des militant·es de la CNT.

Ne jamais se confier à un·e chef·fe

Ne supérieur·e hiérarchique n’est pas un·e collègue comme un·e autre. Tout ce que vous aurez confié sur votre vie personnelle pourra un jour être retourné contre vous. Si vous avez besoin de parler, confiez-vous plutôt à des collègues en qui vous avez confiance.

Entretien avec la hiérarchie

Si cet entretien fait suite à une convocation, son objet doit être explicite. Refusez de vous rendre à un entretien dont le motif n’est pas précisé (du type : « pour affaire vous concernant »). Préparez soigneusement l’entretien, si possible avec un·e délégué·e syndicale ou un·e collègue de confiance. En effet, il arrive souvent qu’en cours de route d’autres sujets soient abordés. Il n’est pas rare d’être convoqué·e pour un prétexte anodin et que la hiérarchie adresse des reproches imprévus. Dans ce cas, il ne faut pas hésiter à recadrer la discussion en refusant d’aborder d’autres sujets que ceux qui ont fait l’objet de la convocation. Pendant l’entretien, il faut garder son calme dans la mesure du possible. Une technique managériale éprouvée consiste à faire craquer une personne soit pour démonter sa fragilité, soit pour la pousser à la faute (injures, menaces, etc.). On impressionnera plus facilement un·e chef·fe en parlant froidement et posément qu’en s’emportant. De même, il faut éviter de trop parler et de se comporter en accusé·e : tout ce que vous dites peut se retourner contre vous. Mesurez vos paroles et tenez-vous en au strict nécessaire. Si l’on vous propose ou cherche à vous imposer un changement de poste, une mutation, une formation de recadrage ou autre modification de votre situation, ne répondez pas pendant l’entretien. Exigez un délai de réflexion et ne donnez votre réponse qu’à tête reposée. Après l’entretien, rédigez un compte-rendu précis avec la personne qui vous aura accompagné·e afin de pouvoir le produire si celui que vous adressera la hiérarchie est trompeur ou mensonger.

Sachez dire non

C’est notre obéissance qui renforce le pouvoir de la hiérarchie. Ce sont les plus soumis·es qui sont les premières cibles du harcèlement et des pressions hiérarchiques. Sachez refuser d’obéir à un ordre arbitraire. Quand un·e chef·fe vous impose une tâche, c’est à lui ou à elle qu’il incombe de prouver qu’elle entre dans vos obligations de service. Exigez (devant témoin ou par écrit) qu’on vous présente le texte autorisant la hiérarchie à vous imposer telle ou telle tâche.

Informez-vous sur vos droits

Les abus de pouvoir se fondent le plus souvent sur l’ignorance des salarié·es. Informez-vous auprès des camarades de la CNT. Visitez les sites de nos syndicats qui vous fourniront des informations précieuses.

Harcèlement moral

Il s’agit d’agissements répétés qui ont pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte aux droits, à la dignité de la personne, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel (article 178 de la loi 2002-73 du 17 janvier 2002).

Si vous vous sentez harcelé·e, ne gardez pas le silence et n’attendez pas que la situation se dégrade avant d’en parler autour de vous. Contactez vos collègues, informez les camarades de la CNT. Consignez dans un cahier les faits bruts, sans commentaires, avec des dates précises. Évitez d’insister sur l’aspect émotionnel du problème : les chef·fes prétendront qu’il ne s’agit que d’un ressenti et non d’une situation objective. Recueillez des témoignages autant que possible.

Si vous soupçonnez des tentatives de harcèlement envers un·e collègue, ne détournez pas le regard. N’hésitez pas à en parler d’abord avec la victime. N’hésitez pas à témoigner : les personnes qui témoignent sont protégées par la loi.